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Mary by Clara Olivares © Jaime Olivares

Mary by Clara Olivares © Jaime Olivares

Théâtre de La Balsamine - Amphithéâtre , Bruxelles

Mary

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Mary by Clara Olivares © Jaime Olivares

Mary by Clara Olivares © Jaime Olivares

D’apres la vie de Mary Shelley, autrice du célèbre Frankenstein, Mary mêle opéra, littérature et art de la marionnette.

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Mary est un opéra de chambre, un biopic inspiré de Mary Shelley. Femme savante de lettres et de sciences, Mary Shelley a vécu dans l’Angleterre du début du XIXème siècle. Ses idées politiques, héritées de son père le philosophe William Godwin et de sa mère, l’écrivaine aux idéaux féministes Mary Wollstonecraft, sa liberté d’esprit et sa vie faite de voyages en Europe font figure d’exception. Nombreux sont ceux qui réprouvent alors le mode de vie du couple qu’elle forme avec le poète Percy Bysshe Shelley. A travers un opéra intimiste faisant appel aux nouvelles technologies musicales et aux marionnettes, ainsi qu’à ses propres traces écrites et celles de son entourage, Clara Olivares offre un regard sur Mary, notamment à travers l’axe extrêmement contemporain de la transmission de la mort et de la vie, qui inonde son existence.

 

ENTRETIEN AVEC DE CLARA OLIVARES

Mary de Clara Olivares est un opéra pour une soprano-marionnettiste et un ensemble de chambre et électronique, d’après la vie et l’œuvre de Mary Shelley (l’autrice, notamment, de Frankenstein ou le Prométhée moderne). Entre littérature et art de la marionnette, Clara Olivares propose, avec Mary, un éloge de l’interdisciplinarité où le travail sur la voix opératique, artificielle, électronique et fictive se révèle, ainsi, renouvelé.

Comment ce projet, Mary, un opéra à propos de la vie et l’œuvre de Mary Shelley, l’autrice de Frankenstein, vous est-il apparu et a-t-il vu le jour ?

Mary est née en 2017 grâce au croisement de plusieurs initiatives. D’un part, je nourrissais l’idée d’achever mes études en Master de composition à la HEAR à Strasbourg avec un projet d’opéra de marionnettes avec électronique. D’autre part, j’étais sollicitée dans le même temps par Claude Georgel, directeur de l’Ensemble XXI.n, pour construire un projet musical avec son ensemble. C’est tout naturellement que l’opéra Mary s’est donc construit avec cet ensemble. Quant au sujet de l’opéra, Mary Shelley, par ses œuvres et son histoire, me passionnait depuis le lycée et depuis ma première lecture de Frankenstein ou le Prométhée moderne. Ce thème s’est donc imposé à moi comme une évidence.

Si un tel sujet, la vie d'une écrivaine britannique dans la première moitié du XIXe siècle, est passionnant, votre esthétique musicale l’est tout autant. Puisqu’il s’agit d’un travail avec des marionnettes, mais aussi avec un ensemble de chambre et électronique. Pourquoi cette volonté de travailler ainsi, entre opéra et art de la marionnette ?

- Je nourrissais l’idée, le fantasme même, d’insuffler une voix artificielle à des marionnettes grâce à l’électronique en temps réel : une voix humaine que l’on modifie quasi instantanément au moment où elle chante et qui donne une personnalité vocale complètement différente. Le rapport entre la chanteuse, incarnant Mary Shelley, et ses marionnettes, incarnant des personnages des œuvres qui ont traversé sa vie, m’est tout de suite apparu comme finalement très cohérent, puisque la voix des marionnettes émane de l’autrice elle-même. Le format d’un opéra, genre musical qui m’attire depuis longtemps, me donnait une grande liberté créative pour travailler sur différentes époques de sa vie, et la montrer à différents âges.

Nous pouvons noter, par ailleurs, dans l’ensemble de votre œuvre, un certaine référence à la littérature ou au cinéma (pensons à vos créations, à partir du poème de Charles Baudelaire Vers mes cieux vos regards pleins d’ivresse, ou encore, d’après Lucrèce, à En un ciel inconnu notre ciel est changé). Est-ce un désir d’interdisciplinarité ? Ou un point de départ, créatif, dont l’inspiration se jouerait de façon extérieure à la musique ?

- La littérature m’inspire pour un grand nombre de mes pièces : d’ailleurs, une des toutes premières pièces que j’ai écrites était inspirée d’un poème de Louise Labé. Mais au-delà de la littérature exclusivement, beaucoup d’éléments non-musicaux peuvent servir de “ déclencheurs ” pour mon imagination : plantes, phénomènes scientifiques, minéraux, peintures… La traduction musicale personnelle que je cherche à faire est une partie de mon travail de composition que je trouve passionnante à mener. Certaines pièces s’inspirent seulement d’une ambiance, d’une couleur, tandis que pour d’autres je choisis d’effectuer un travail d’analyse et de correspondances directes plus développé.

Ce faisant vous inventez, avec Mary, une forme d’opéra, minimale, également portée par une certaine visualité… Une interrogation sur la nature même de l’opéra contemporain était-elle dans votre projet de départ ?

- Pour ce premier opéra, j’avais envie de travailler sur plusieurs aspects : l’incarnation, le langage, la question de l’espace, la présence des haut-parleurs sur scène, le personnage pluri-forme, mais aussi jouer avec les formes temporelles (le premier acte dure quelques jours, tandis que le dernier acte dure de nombreuses  années). D’une certaine manière, ce format de chambre, intimiste, me donnait plus de liberté pour éprouver mon dispositif (une seule chanteuse, plusieurs marionnettes) et l’amener dans diverses directions de travail. Il me semble que cette concentration extrême sur une seule chanteuse, seule au milieu de ses marionnettes, donne à voir une vie entière dans un grand dépouillement, où le public s’appuie sur le texte chanté pour contextualiser tout ce qui n’est pas directement montré.

Vous avez également une œuvre pour orchestre, pour électronique, ou encore de musique de chambre. Quelle place, l’opéra Mary, occupe-t-il dans cette variété d’écritures musicales, et, ce faisant, comment voyez-vous l’avenir et la forme de l’opéra du futur dans la musique d’aujourd’hui ?

- Écrire Mary m’a ouvert beaucoup de portes imaginaires. Après l’avoir composé, j’ai écrit successivement plusieurs pièces pour orchestre ou orchestre de chambre qui ont déclenché elles aussi toute une série d’idées et de questionnements, notamment sur le rôle dramaturgique de la musique de concert. Je prépare au moment où j’écris ces mots un nouvel opéra (Les sentinelles, sur un livret de Chloé Lechat), pour solistes et orchestre de chambre, réunissant ainsi les deux genres qui m’animent le plus ces dernières années. L’avenir et la forme de l’opéra du futur sont difficiles à prédire, mais il me semble qu’un opéra proposant d’une part des nouveaux récits et personnages, en connexion avec des problématiques actuelles, et d’autre part de nouvelles formes, immersives, participatives, seront sans doute amenées à se développer.